La dette publique française est-elle trop élevée ?
NON. L’État a la capacité de réemprunter pour rembourser les emprunts qui arrivent à échéance, ce qui fait que seuls les intérêts pèsent sur le budget. En 2024, ces inêtrets représentaient 2,1 % du PIB, c’est à dire moins que la moyenne des 40 dernières années (2,4 % du PIB) et même moins que d’autres pays (2,4 % en Espagne, 2,9 % au Royaume-Uni, 3,9 % en Italie et 4,7 % aux États-Unis par exemple). Elle ne dépasse pas 4 % des dépenses publiques. En réalité, elle est même plus faible car la perte de valeur de la monnaie du fait de l’inflation bénéficie à l’État. En tenant compte de l’inflation (2 % en 2024), la charge réelle de la dette est négative : – 0,3 % du PIB ! C’est la taxe inflationniste.
La dette : cadeau empoisonné pour les générations futures ?
PAS DU TOUT. D’abord, la dette publique a une durée de vie d’environ huit ans et les échéances d’emprunt sont toujours honorées puisque l’État réemprunte pour rembourser ses prêteurs. Ensuite, on ne peut mesurer ce que l’on doit qu’au regard de ce que l’on a. Quand François Bayrou décrit les 3 000 milliards de dettes comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des générations futures, il oublie de préciser que l’État dispose d’un patrimoine de plus de 4 447 milliards d’euros. Si chaque Français·e hérite de 55 600 euros de dette, il/elle naît aussi avec 64 800 euros de patrimoine commun, soit un solde positif de 9 200 euros !
Peut-on comparer la dette de l’État à celle d’un ménage, d’une entreprise ou d’une association ?
LA COMPARAISON N’A AUCUN SENS. Un ménage ou une entreprise doit solder ses dettes un jour, car sa durée de vie est limitée. L’État, lui, ne meurt pas : il peut réemprunter indéfiniment. De plus, la dette privée ( ménages et entreprises) est bien plus élevée que la dette publique : 215,5 % du PIB fin 2024, contre 113 % pour la dette publique. Enfin, l’État peut décider lui-même de ses ressources en levant l’impôt, et peut donc jouer sur le montant de ses recettes fiscales pour rembourser sa dette.
Faut-il réduire les dépenses publiques pour rembourser la dette ?
CE N’EST PAS UN PROBLÈME DE DÉPENSES… D’après l’Insee, les dépenses publiques représentaient 57,7 % du PIB en 2017, et s’établissent aujourd’hui à 57,1 % du PIB. En revanche, la politique économique menée par Emmanuel Macron a eu pour effet de diminuer massivement les prélèvements obligatoires, qui passent de 54,3 % du PIB à 51,3 % du PIB. Un rapport d’Attac, de l’Observatoire de la justice fiscale et du Comité pour l’annulation des dettes illégitimes établit à 308,6 milliards d’euros les baisses de prélèvements obligatoires entre 2018 et 2023 (dont 207 milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux entreprises et aux ménages aisés)… Soit un tiers de la hausse de la dette publique !
La France risque-t-elle une intervention du FMI ?
NON. Le FMI n’intervient qu’à la demande des États pour financer leurs dettes publiques quand les marchés n’ont plus assez confiance pour le faire. Il ne peut donc pas imposer de mesures austéritaires de son propre chef.
Peut-on comparer la France de 2025 et la Grèce de 2010 ?
ÇA N’A RIEN À VOIR. La crise grecque a débuté après la révélation par le président nouvellement élu que son prédécesseur avait sous-déclaré le déficit du Pays (6énbsp;% au lieu de 15,4 %), provoquant une perte de confiance des investisseurs. Lorsque le FMI, la BCE et la Commission européenne sont intervenu·es, le taux d’intérêt sur les obligations grecques était de 37 % – dix fois plus que celui de la France aujourd’hui, qui reste relativement proche de celui des autres pays européens. De plus, au contraire de la Grèce, la France n’a pas besoin d’emprunter de l’argent auprès des pays étrangers pour financer ses importations.
La dette française fait-elle fuir les investisseurs ?
AU CONTRAIRE ! Les investisseurs considèrent la dette publique française comme un actif sûr. Il y a trois fois plus de demande pour les obligations françaises à dix ans que d’offre, et alors que l’Agence France Trésor émettait 11 milliards d’euros de nouvelle dette, les investisseurs en ont demandé pour 25 milliards d’euros !
La France peut-elle continuer à s’endetter sans danger ?
ÇA DÉPEND. Il n’y a pas de risque à s’endetter si c’est pour financer des investissements et des emplois. En revanche, c’est plus problématique lorsque l’endettement est la conséquence de cadeaux fiscaux totalement improductifs aux grandes entreprises et aux plus riches. Le problème n’est pas la dette publique, mais ce qu’on en fait.
Si ce n’est pas la dette, qu’est-ce qui plombe les finances publiques ?
C’EST LE CAPITALISME ! Un quart du budget de l’État finit dans les poches du patronat, avec chaque année plus de 200 milliards d’euros d’aides sans condition ni contrepartie. Ce montant représente deux fois et demie le budget de l’Éducation nationale, cinq fois celui de la transition écologique, huit fois celui de l’enseignement supérieur et de la recherche, ou encore onze fois celui de la santé et des solidarités !
Quelles solutions pour sortir du piège de la dette ?
ON SE MOBILISE ! Il est urgent de gagner l’enterrement du projet de budget et la mise en place de mesures d’urgence autour de 5 priorités :
- la justice fiscale : la taxation des patrimoines, des dividendes et des rachats d’actions, la remise à plat des 211 milliards d’aides publiques aux entreprises, le rétablissement de l’ISF et la mise en place d’une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu ;
- la justice sociale par l’abrogation de la réforme des retraites, première étape pour gagner la retraite à 60 ans et une Sécurité sociale répondant aux besoins ;
- le financement de nos services publics : de l’argent pour nos hôpitaux, nos écoles, nos universités, nos infrastructures et notre politique culturelle ;
- l’augmentation des salaires, des pensions, des minima sociaux, l’égalité entre les femmes et les hommes et des mesures contre la vie chère dans les Outre-mer ;
- la réindustrialisation, la transformation environnementale de notre économie et l’arrêt des licenciements.