Près de 186 000 emplois seraient menacés dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, où de nombreuses petites structures craignent pour leur survie, en raison de la politique austéritaire du gouvernement. Une saignée qui aura aussi des effets ravageurs sur la cohésion sociale, anticipent ses acteurs.

La boule au ventre et les yeux rivés sur les comptes. C’est l’état d’esprit qui domine au sein des structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), où l’inquiétude et l’expectative sont devenues depuis quelques mois la toile de fond du quotidien.
Dans cette troisième voie de l’économie, entre services publics et entreprises privées lucratives, regroupant 1,3 million d’associations, 23 880 coopératives, plus de 8 000 établissements mutualistes et 5 300 fondations et fonds de dotation, « moins d’un tiers des organisations ont aujourd’hui devant elles trois mois de trésorerie », alerte David Cluzeau, le président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), qui évoque la menace d’une perte de 186 000 emplois sous l’effet de la politique austéritaire du gouvernement.
Coup de grâce de la crise budgétaire
« La question de la santé financière, c’est le sujet numéro un en ce moment », confirme Claire Thoury, la présidente du Mouvement associatif. En témoigne, selon elle, l’afflux inédit de réponses à une enquête flash sur le sujet auprès des responsables associatifs réalisée par son organisme, qui assure la représentation du secteur auprès des pouvoirs publics. En quelques semaines, près de 6 000 témoignages seraient ainsi remontés.
Et pour cause, déjà ébranlées par les bourrasques successives de la crise sanitaire puis du choc inflationniste, la plupart de ces organisations redoutent aujourd’hui le coup de grâce de la crise budgétaire. L’engrenage s’est emballé, en octobre dernier, lors des premiers débats sur le budget sous l’éphémère gouvernement Barnier, qui a imposé des économies d’une rigueur inédite aux collectivités territoriales, dont dépendent une large part de ces associations. « Ce qui est inédit dans la situation actuelle, c’est qu’on est à l’os », constate Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif des associations citoyennes.
Si le budget adopté à la suite d’un 49.3, en février – « le plus mauvais de l’histoire pour les collectivités », selon les élus –, a abaissé ces exigences d’économies de 6,5 milliards à 2,2 milliards d’euros, le mal est fait, certaines collectivités ne comptant pas faire marche arrière dans leur décision de sabrer les subventions. S’ajoute à cela la lenteur inédite du processus budgétaire, qui a eu pour effet de retarder les arbitrages financiers des régions, départements et communes.
Suite de l’article dans l’Humanité: https://www.humanite.fr/social-et-economie/associations/on-ne-va-quand-meme-pas-crever-en-silence-face-a-la-saignee-budgetaire-la-lutte-des-associations-pour-leur-survie