Article de l’Humanité de Naïm Sakhi publié le 2 juillet 2025

Une proposition de loi centriste visant à élargir les commerces éligibles à l’ouverture lors de la Fête des travailleurs est étudiée par la Chambre haute, ce jeudi. En décidant une procédure accélérée sur ce texte, le gouvernement appuie la mesure.
La droite et la Macronie veulent-ils d’un 1er mai… sans cortège de travailleurs ? Ce jeudi 3 juillet, les sénateurs sont amenés à se prononcer sur une proposition de loi (PPL) du groupe Union centriste « visant à permettre aux salariés de certains établissements et services de travailler le 1er mai ». Un texte inscrit à l’ordre du jour par l’exécutif et qui bénéficie d’une procédure accélérée avec une seule lecture par Chambre. « L’objectif est affiché, le gouvernement veut que cette mesure soit applicable dès 2026 », remarque Thomas Vacheron, secrétaire confédéral CGT. Vent debout, l’intersyndicale au complet (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU), dénonce une « remise en cause de ce jour de repos rémunéré pour l’ensemble des salariés ».
Une nouvelle liste de commerces autorisés à ouvrir le 1er mai
Des secteurs ont déjà la possibilité de faire travailler leurs employés ou agents le 1er mai. C’est le cas des services publics vitaux (sécurité, santé, hôpital), des hôtels, mais aussi des industries ne pouvant arrêter leur production. Des dérogations existent aussi pour les commerces essentiels, tels que les pharmacies, qui assurent des gardes pour la vente de médicaments. Modifiée en commission, cette PPL tend à autoriser l’ouverture des commerces de bouche de proximité (boulangeries, pâtisseries, boucheries, poissonneries…), ceux liés à « un usage traditionnel du 1er mai pour s’offrir du muguet » (les fleuristes et les jardineries), ainsi que les établissements du secteur culturel, comme les cinémas, « dont l’activité répond à une demande naturelle du public un jour chômé ». A contrario, les confédérations assurent que « sous couvert d’une liste d’établissements visés, ce texte constitue une première brèche et remet en cause la précieuse exceptionnalité du 1er mai ».
De leurs côtés, les groupes socialiste, communiste et écologiste déclarent ne pas « céder à la stratégie de dérégulation progressive du droit du travail organisée par la droite ». Ainsi, pour la sénatrice PCF Cathy Apourceau-Poly, « la droite demeure dans une guerre idéologique et veut faire travailler plus longtemps les salariés sans mieux les rémunérer ». Selon l’élue communiste, qui défendra une motion de rejet, cette PPL « s’inscrit dans la continuité de la réforme des retraites de 2023, mais aussi de l’amendement de la droite sénatoriale dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025 visant à travailler gratuitement sept heures par an, ou encore l’instauration évoquée d’une TVA sociale à la place des cotisations patronales ».
La polémique montée en épingle des boulangeries
L’examen de ce texte fait suite à une polémique montée en épingle par la droite et l’extrême droite après la convocation, le 23 avril dernier, d’un propriétaire d’une boulangerie de la chaîne Bo & Mie à Paris. Ce dernier a écopé d’une amende de 78 750 euros… pour avoir fait travailler 21 salariés le 1er mai 2021. En Vendée, cinq boulangers étaient entendus le 25 avril pour avoir ouvert leur commerce le 1er mai 2024. La ministre du Travail, Catherine Vautrin, s’était alors dite favorable à une évolution législative, assurant que le pain était « une tradition française ». Marine Le Pen s’était demandé sur X : « Pourquoi priver les salariés volontaires de gagner deux fois leur salaire ? Quand ce gouvernement va-t-il laisser les Français travailler ? »
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