Naïm Sakhi Publié le 29 avril 2025
Pour la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, la reprise en main des hauts-fourneaux est déterminante pour l’avenir industriel de la France. Sur le plan social, de nombreuses luttes sont à prévoir.

À la veille de la journée pour le droit des travailleurs, Sophie Binet tance la politique industrielle de l’exécutif, alors que la CGT dénombre plus de 360 plans de licenciement. À la SNCF et dans la fonction publique, le mois de mai sera marqué par des grèves, alors que l’exécutif prévoit 40 milliards d’euros d’économies budgétaires. Une grande journée de mobilisation interprofessionnelle est prévue début juin.
Cette mobilisation du 1er mai est-elle la première marche d’un printemps social ?
Pour cette journée pour le droit des travailleurs, nous serons des millions partout dans le monde à nous mobiliser face à la remise en cause de l’ordre mondial par une internationale d’extrême droite qui cherche à imposer ses logiques de guerre. Ce jeudi, nous réclamerons la paix et la justice sociale.
Et nous afficherons notre refus d’une mise en concurrence par une extrême droite qui souffle sur les clivages identitaires pour laisser ainsi le patronat tranquille. Enfin, nous annoncerons une date de mobilisation interprofessionnelle début juin qui portera sur l’abrogation de la réforme des retraites, pour les salaires et l’emploi.
Les sénateurs centristes ont déposé une proposition de loi pour permettre aux boulangers et fleuristes d’ouvrir le 1er Mai. Qu’est ce qui se cache derrière cette attaque contre la journée pour le droit des travailleurs ?
C’est une offensive idéologique à l’image de celle que nous avons subie pour le travail du dimanche. Rappelons que beaucoup trop de monde travaille le 1er Mai. Toutes les fonctions vitales sont garanties et des usines ne peuvent arrêter leurs productions.
« Le 1er Mai, les patrons, s’ils le veulent, peuvent travailler. Qu’ils n’hésitent pas ! »
Mais je ne vois pas en quoi une boulangerie ou un fleuriste est un commerce essentiel. Les partisans de cette loi avancent que la restauration rapide peut ouvrir le 1er Mai. C’est cela qui n’est pas normal. Je rappelle que le 1er Mai, les patrons, s’ils le veulent, peuvent travailler. Qu’ils n’hésitent pas ! Ils verront que le travail n’est pas un coût mais une richesse.
Les 636 postes supprimés à ArcelorMittal s’ajoutent aux plus de 200 000 emplois menacés dans l’industrie, selon la CGT. Vous demandez la nationalisation des hauts fourneaux. Est-ce devenu inévitable ?
Oui. Ces suppressions complètent celles de 2024, alors qu’ArcelorMittal avait bénéficié de 300 millions d’euros d’aide publique. ArcelorMittal organise son départ de l’Europe pour s’installer en Inde et au Brésil d’ici à 2030. Le taureau doit être pris par les cornes, avec une nationalisation.
L’acier est une production stratégique sans laquelle il n’y a pas d’industrie. Et la CGT plaide, à moyen terme, pour un géant européen de l’acier, sur le modèle d’Airbus. Je suis atterrée par l’attitude du gouvernement. Face à cette casse sociale, le ministre de l’Industrie propose un chèque de 850 millions d’euros contre une décarbonation du site de Dunkerque. L’exécutif s’enferme, une nouvelle fois, dans le dogme de la politique de l’offre.
Suite de l’entretien dans l’Humanité: https://www.humanite.fr/social-et-economie/arcelor/lindustrie-est-victime-de-la-demission-de-letat-entretien-avec-sophie-binet-secretaire-generale-de-la-cgt